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La minute du Professeur Frèrejacques : la toile de Pénélope ou l’éternel recommencement.

Bonjour à vous, amis curieux.
Aujourd’hui, la minute du Professeur Frèrejacques vous aide à identifier votre toile de Pénélope.
Mais de quoi parlez-vous, Professeur Frèrejacques ?

La toile de Pénélope est une expression qui fait – comme souvent les expressions françaises – référence à la mythologie grecque.

Pénélope est la femme d’Ulysse, Roi d’Ithaque. Pendant les longues années d’absence de son mari, parti baguenauder au loin, elle a trouvé un stratagème pour éconduire les nombreux prétendants qui se pressaient autour d’elle. Elle a prétexté qu’elle ne prendrait un nouvel époux que le jour où elle aurait fini de tisser son ouvrage. Or, cette petite futée défaisait toutes les nuits ce qu’elle avait tissé le jour.

La toile de Pénélope est devenue l’image du travail jamais achevé, toujours recommencé.

Quelle est votre toile de Pénélope ? Quel est le dossier en perpétuelle remise en question qui git sur votre bureau depuis deux générations?
Une fois que vous l’aurez trouvé, consolez-vous : pour cette chère Pénélope, ça n’a duré que 20 ans.
Merci qui ? Merci Professeur Frèrejacques.

Travailler en famille, petites douleurs et grands débats.

Vous l’ai-je dit ?

Petit détail qui a son importance: je travaille en famille.
Je travaille en famille avec  – entre autres bonheurs  – la Reine Mère.

Au sein du Royaume Merveilleux de Family Corp,  j’hérite donc de plein droit du titre envié d’Infante.

Et c’est un rôle ingrat, Infante.

C’est culpabilisant, car on a des passe-droits et des avantages  -réels ou supposés-  que n’ont pas  les autres sujets du Royaume.  Ambiance.
C’est dévalorisant, car au départ il pèse toujours sur vous un soupçon d’illégitimité.
C’est frustrant aussi, parce que les sentiments familiaux parasitent les relations professionnelles. Ils vous empêchent de dire les choses à la Reine Mère aussi simplement et directement qu’on les dirait à Mme Lambda, Prévôt du Royaume.
Pourquoi, me direz-vous ?
Vous êtes adultes. Comportez-vous  en adultes.
Certes, c’est vrai.
N’empêche, pour autant que je sache, Mme Lambda n’a jamais changé mes couches.

Les entretiens annuels, round 2: les évaluateurs.

Le petit théâtre des entretiens annuels, round 2.
Quel type de manager fait passer quel type d’entretien ?

Qui saura le mieux vous évaluer?

Narcisse.
Ce type de manager a un besoin pathologique d’amour. Il fuit le conflit et cherche l’approbation et l’affection des ses collaborateurs.
Il travaille son entretien, prépare les remarques à formuler et les objectifs à remplir et … se dégonfle au dernier moment.
Face à la personne qui vous regarde dans les yeux, c’est tout de suite plus difficile de s’exprimer.
Pourrait-on éventuellement envoyer les remarques à formuler par mail ? Non ? Vous êtes sûrs ? Bon, bon…

Cruella d’Enfer.
Cruella d’Enfer est complètement instable. Elle est capable de la plus grande empathie comme de la plus grande virulence, quel que soit le sujet.
Elle vous a aidé le jour ou vous avez complètement planté le contrat De Mesmaeker, et trois semaines plus tard vous a passé une titanesque engueulade en public pour une futilité.
L’entretien annuel devient la plus belle partie de roulette russe de votre vie.
L’assistant devant vous vient de ressortir en pleurant.

Managerus Paternalicus.
Managerus Paternalicus ne sait pas ce qu’il fait là. Les entretiens, c’est un truc qu’on lui impose de faire. Lui, son équipe, il les connait tous, conjoints et enfants compris, jusqu’au petit dernier qu’il appelle par son prénom en plaisantant déjà sur le jour où il rejoindra Family Corp.
S’il y a quelque chose à se dire, c’est au pied du bureau/ de la machine que ça se passe. Formaliser? Accorder du temps à chacun? Pour quoi faire?

No Drama.
No Drama est un manager dynamique et efficace. Pas le genre à tourner autour du pot. Si No Drama a quelque chose à vous dire, ce sera dit. Vous en conviendrez ou pas, mais le problème sera abordé et réglé en entretien, et on n’en parlera plus.
Il est fortement conseillé de placer un No Drama avec un Narcisse en entretien, pour plus d’efficacité.

La Tisseuse.
La tisseuse tisse ses fils dans tout son service.
Elle a un besoin éperdu de reconnaissance et d’importance.
Elle centralise toute l’information et la majorité des tâches du service. Incapable de déléguer, elle infantilise ses collaborateurs, et ne leur confie que des tâches subalternes.
Elle est aussi incapable d’évaluer objectivement son équipe.
Mieux vaut éviter de confier un entretien annuel d’évaluation à la tisseuse. Par ailleurs complètement stressée et débordée, elle ne trouverait pas le temps de le mener.

Les entretiens annuels, round 1 : les évalués.

Ah, les entretiens annuels d’évaluation!
Un temps fort de l’année pour les managers et les managés.

C’est un théâtre, qui a son décor, sa scène, ses rôles-titres.
Et dans les rôles-titres, j’appelle  – à tout seigneur, tout honneur –  les évalués.
Florilège.

Le béni oui-oui.
Tout va bien, tout est merveilleux.
Le béni oui-oui adore son travail, ses collègues, son entreprise, son patron.
C’est un homme comblé. Un homme comblé qui n’a rien à dire.
Avec un grand sourire un peu fixe, il vous regarde intensément, une vague lueur d’angoisse dans l’œil. Surtout, surtout, ne rien dire de négatif.
Le béni oui-oui est la preuve vivante que même bien préparé, un entretien peut tomber à plat.
Next.

Le récalcitrant
Pas content, mais alors pas content du tout. Ce gars-là a déjà de la bouteille dans la maison, et ce genre d’exercice, très peu pour lui. C’est une perte de temps. S’il a quelque chose à dire, il peut bien le dire n’importe quand. Entretien annuel… encore un truc à la con.
Next.

Le délateur.
Le délateur glisse rapidement sur son propre cas. Ce qui l’intéresse, lui, c’est plutôt de faire le point sur le fonctionnement de l’entreprise. Sur le fonctionnement de ses collègues pour être précis.
De toute façon quand on voit ce qu’on voit…
Next.

L’aigri.
L’aigreur de l’aigri suppure par tous les pores de sa peau.
Il entame l’entretien directement dans le vif du sujet : « Je- veux-une-aug-men-ta-tion. »
Pourquoi pas, me direz-vous, c’est le moment de la demander.
Là où ça devient intéressant, c’est le pourquoi de la chose. Verbatim :
– Parce que la boîte a recruté
– Parce que la boîte a investi
– Parce que Untel a été augmenté
« Alors de l’argent, il y en a, vous n’allez pas me faire croire que vous n’avez pas de quoi aller à la rallonge pour moi. »
D’expérience, on ne discute pas avec l’aigri :
« Nous avons renforcé l’équipe commerciale, M. Dugenou, ce qui signifie que nous avons besoin d’accentuer nos efforts sur le marché. Cela est sans rapport avec votre service ou votre évaluation »
« Nous avons investi, M. Dugenou, ce qui signifie que nous avons alourdi nos charges, pas que nous sommes plus riches. Cela est sans rapport avec votre évaluation. »
« Mais enfin, M. Dugenou, M. Untel a pris un poste à responsabilité auquel vous n’avez pas souhaité postuler ! »
Non. Inutile.
On ne discute pas avec Dugenou, parce que Dugenou ne veut pas discuter.
Dugenou est un bloc de rancœur. Contre son manager, son entreprise, son boulanger, ses parents, tout le monde… Dugenou n’aime personne, le monde entier s’est ligué contre lui.
Alors, hein, vos conneries…


Le Petit précis de guérilla d’entreprise, c’est quoi?

C'est la vie en entreprise, ses anecdotes, ses crises, ses chausse-trapes. Avec une pincée de fond pour lier le tout.

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